Avant d’avoir expérimenté la vie en communauté à Valhalla, nous avions une idée très claire de ce que devrait vouloir dire vivre en communauté, et nous avions beaucoup d’attentes à l’égard de cette expérience. Étant donné que nous partagions tous des valeurs et objectifs similaires, nous ne nous attendions pas à vivre beaucoup de conflits au sein du groupe, et nous croyions que notre projet pourrait avancer sans heurt.
Nous avions tort; nous avons eu à faire face à de nombreux conflits. Nous ne comprenions pas pourquoi ceux-ci survenaient, car nous avions un attachement émotionnel à nos idées concernant ce que devrait être une communauté. Il a donc été difficile de lâcher prise.
Il nous a fallu passer un an ensemble, avec l’aide de quelques amis et spécialistes en communauté, pour découvrir les idées fausses qui se trouvaient à la source de notre conflit interne et comment remédier à la situation. Nous nous trouvons maintenant dans le processus d’intégration de ces changements dans Valhalla, créant du contenu pour promouvoir les idées et organisant des ateliers et des webinaires avec des experts pour informer les enthousiastes de la communauté, entre autres pour que d’autres ne reproduisent pas nos erreurs.
1. Vous devez savoir qui vous êtes
Beaucoup de complications peuvent survenir lorsqu’on n’a pas bien mis au clair dès le début ce en quoi consiste la communauté, ce pourquoi elle existe et quelles sont ses valeurs. Une partie de ces caractéristiques peuvent se modifier avec le temps mais il serait préférable que non. À Valhalla, nous avions une idée générale de ce que nous étions, mais c’est devenu plus clair avec le temps. Maintenant, nous en sommes plus conscients que jamais, et nous doutons que cela change dans un futur proche. Voici ce que vous devez savoir :
Votre vision : Pourquoi bâtissez-vous cette communauté? De quoi aimeriez-vous être témoin dans un futur à long terme par rapport à celle-ci? Ces réponses n’ont pas à être très claires, mais seulement représenter l’idée générale de la raison d’être de cette mission.
Votre mission : C’est ce que vous faites. Bâtissez-vous une communauté? Travaillez-vous sur votre terrain d’une façon particulière? Faites-vous un certain type de recherche à titre de communauté? Encore une fois, les détails sont facultatifs mais ce doit tout de même être clair.
Vos buts : C’est la manière dont vous menez votre mission. Vos buts comprennent les choses matérielles que vous créez et les produits ou services que vous offrez. Ils sont planifiés stratégiquement pour que votre mission et communauté soient florissantes.
Vos valeurs : C’est ce que vous défendez et ce que vous savez rejoindre tous les membres de la communauté en tant que groupe
Une fois que tout cela a été mis au clair, il est facile de savoir si quelqu’un pourra s’intégrer au groupe ou non. Si une personne n’est pas d’accord avec certains de ces éléments, elle pourrait ne pas appartenir à votre communauté. Il est BEAUCOUP plus facile de régler tout cela au tout début lorsque vous êtes encore un petit groupe. Plus le groupe grandira, plus difficile il sera de trouver une cohésion tous ensemble, et cela pourrait faire en sorte que certains quittent la communauté ou que celle-ci se divise en plus petits groupes.
2. Apprendre une bonne méthode de résolution de conflits et l’appliquer
Des conflits surviendront. Petits, grands…ils peuvent être petits au début et grandir. Ils surviendront, et essayer de faire comme s’ils n’existaient pas ne règlera rien. Ils surviennent surtout dans des situations où il n’y a pas de hiérarchie et où tout le monde veut se sentir écouté. Les communautés ont tendance à être quelque chose à quoi on s’attache énormément sur le plan émotionnel; s’y sentir comme si l’on n’était pas écouté par le reste des membres peut faire en sorte que beaucoup de personnes se sentent blessées.
Lorsqu’on met sur pied une communauté, il est TRÈS important de se renseigner sur différentes méthodes de résolution de conflits et de se pratiquer à les utiliser jusqu’à temps qu’elles deviennent comme une deuxième nature pour tout le monde. Les nouveaux membres doivent également apprendre et pratiquer la méthode pour devenir un membre à temps plein.
Grâce aux outils adéquats, les membres de la communauté peuvent comprendre comment communiquer de façon appropriée et éviter les problèmes. Si des problèmes surviennent, ils peuvent être réglés rapidement. Cela crée un lien beaucoup plus solide entre les membres de la communauté, et ces méthodes peuvent aussi être appliquées dans nos relations personnelles.
Les méthodes les plus recommandées actuellement pour la résolution de conflit dans les communautés intentionnelles sont la communication non-violente et les cercles réparateurs.
Je publierai sous peu un blog où j’élaborerai davantage sur la communication non-violente, les cercles réparateurs et d’autres méthodes de résolutions de conflits.
3. Une communauté a besoin de structure et d’une bonne méthode de prise de décisions
Aussi intéressés que l’on puisse être envers tous les projets de notre communauté, il peut devenir plutôt difficile de demeurer organisé et efficace lorsque trop de gens sont impliqués. Souvent, les personnes ayant moins d’expérience ou moins de connaissances ralentiront le groupe en demandant plus de clarifications ou même en bloquant une décision prise par le groupe.
Plusieurs communautés à leurs débuts utilisent la prise de décision consensuelle comme modèle de prise de décisions. Cette méthode est très populaire, car elle fait en sorte que chacun des membres approuve les décisions prises par le groupe. « Personne n’est en reste ni mécontent. » Par contre, elle entraîne souvent des blocages parce qu’il y a toujours un membre pour bloquer une décision. Les membres se frustrent parce que les projets de la communauté ne peuvent avancer à cause des blocages constants. Cela mène éventuellement au conflit et même parfois à la séparation de la communauté.
Il existe quelques modèles qui aident à résoudre ces problèmes, surtout le modèle de prise de décision consensuelle de N-Street, la sociocratie et le modèle de l’organisation Holacracy®, la holacratie.
J’écrirai également un blog pour décrire plus en détail différents modèles de prise de décision.
4. Il doit y avoir un processus pour devenir membre
C’est une évidence pour certains, plus difficile à avaler pour d’autres. Les enthousiastes d’une communauté ont tendance à vouloir accepter n’importe qui dans leur communauté, parce qu’ils veulent aider et soutenir quiconque est intéressé.
Il n’y a pas dix façons de le dire… Bâtir une communauté demande un travail acharné et beaucoup de temps. Des membres qui seraient irresponsables, irrespectueux, perturbés émotionnellement, ou même qui n’auraient qu’une attitude négative auraient tendance à drainer et épuiser l’énergie du groupe. Cela cause beaucoup de conflits et ne permet à aucun projet d’avancer, ce qui cause encore plus de conflits.
S’assurer que quiconque veut se joindre à la communauté passe par un certain processus permet de garantir que ces nouveaux pourront bien s’intégrer au groupe.
Critères importants pour être membre :
- Comprendre et endosser la vision, la mission, les objectifs et les valeurs de la communauté;
- Reconnaître les règles de la communauté et les responsabilités individuelles de chacun;
- Apprendre la méthode de prise de décision et la gouvernance de la communauté;
- Apprendre les méthodes de résolution de conflit de la communauté;
- Fournir des références sur demande;
- Remplir ses responsabilités financières;
- Répondre aux exigences d’activité de la communauté;
- Processus de 6 mois à 1 an avant d’être accepté.
J’écrirai aussi un blog sur le processus pour devenir membre.
5. Les règles et les responsabilités doivent être claires et assignées
Beaucoup d’entre nous qui croyons que de vivre en communauté constitue la solution voulons le faire parce que nous sommes fatigués de la façon de fonctionner de la société. Nous arrivons souvent avec l’idée que la raison pour laquelle les choses ne fonctionnent pas, dans le monde, c’est à cause de toutes les règles. Nous essayons donc de construire une communauté autour d’idées de liberté pure sans règles ni règlements.
Nous nous attendons de tout le monde qu’ils soient suffisamment responsables pour faire en sorte que les choses demeurent organisées, alignées sur les valeurs de la communauté et propres. Et même si les membres de la communauté ne sont pas les meilleurs pour ce faire, nous nous aimons tellement que nous nous entraiderions avec joie.
La réalité est un peu plus complexe. Nous avons tous une zone de confort différente, nous travaillons tous différemment, et nous avons tous des horaires différents. Et lorsque les projets s’entrecroisent, les gens deviennent très interdépendants pour avancer. Lorsque les choses ne se font pas, les conflits peuvent facilement survenir.
Pour éviter le conflit, il est important de clarifier toutes les règles, responsabilités et horaires et de s’entendre sur ceux-ci avec le groupe entier. Tous ces renseignements devraient être clairement mis sur papier et disponibles pour tout le monde en tout temps.
Le groupe doit également avoir une méthode pour aider tout le monde à demeurer redevable face aux accords et à leurs responsabilités à l’égard du groupe. Lorsque l’information est clairement mise sur papier et disponible, il est facile d’expliquer à quiconque ne respecte pas ses engagements que cette personne doit faire preuve de davantage de respect à l’égard de la communauté.
Il est également important de ne pas culpabiliser excessivement la personne qui ne suit pas les règles; elle est tout de même votre amie. Diana Leafe Christian recommande une série graduelle de conséquences, la première pouvant être une petite discussion; la suite serait une série de conséquences toujours plus importantes, et la dernière pourrait être une réunion de toute la communauté pour expliquer à la personne en question qu’il ou elle pourrait devoir se trouver une nouvelle communauté.
Il peut sembler drastique de parler d’exclure quelqu’un de la communauté, mais cela pourrait éviter la séparation complète. Normalement, avoir une méthode claire et s’assurer que tous les accords sont mis sur papier est suffisant pour amener le membre à tenir sa parole.
Si les membres veulent se prouver leur amour, ils peuvent se porter volontaire pour prendre en charge la responsabilité de quelqu’un ou aider quelqu’un. Avoir quelqu’un de responsable maintient le niveau d’énergie de la communauté élevé et permet aux membres de se concentrer sur leurs projets et de s’amuser!
6. Les possessions et les actifs n’ont pas à être partagés
Un grand mythe concernant les communautés est que tout doit appartenir à tout le monde. Les gens diront littéralement qu’autrement, ce n’est pas une vraie communauté. Certains iront même jusqu’à dire que les communautés doivent également partager les revenus.
Il a effectivement quelque chose d’extraordinaire à partager avec ses amis mais cela ne veut pas dire que tout doit être fait comme ça. Croire que c’est la seule façon de faire n’aura comme conséquence que de rendre la vie difficile pour les communautés. On peut toujours choisir ce que l’on veut partager et ce que l’on ne veut pas partager.
Je n’ai pas beaucoup d’autres choses à dire à cet égard, mis à part le fait que nous avons tous des possessions personnelles, nous avons tous des investissements pour lesquels nous avons travaillé fort et que nous ne pouvons pas laisser aller tout de suite, et il n’y a aucun mal à cela. Il faut le respecter.
Un autre exemple est le partage de l’espace privé. Tout le monde a besoin d’un espace privé, c’est comme ça. Vivre dans un espace restreint avec beaucoup de gens peut sembler une bonne décision financière au début, et travaillera sûrement votre seuil de tolérance, mais vous deviendrez fou à un moment ou un autre. Respectez votre espace.
Si vous aimeriez davantage de renseignements, regardez cette excellente vidéo (en anglais pour maintenant) :
J’espère que cette liste aidera tout le monde à prendre le temps de se préparer à vivre en communauté. Vivre de cette façon est une expérience merveilleuse, et disposer des bons outils pour le faire permet une encore meilleure expérience.
Ne manquez pas cet événement génial qui aura lieu à la communauté Sirius.
Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas d’accord avec mes suggestions, je vous prie de prendre le temps de parler à quiconque a vécu en communauté pendant plus d’un an, et je suis sûr que certains de ces éléments feront surface. Si vous avez déjà vécu en communauté pendant plus d’un an et n’êtes pas d’accord, veuillez raconter comment vous avez fait face à ces scénarios dans les commentaires.
Merci à Marion Demers pour la traduction!